Par

Plusieurs fois par an, Isabelle Forêt se réunie avec une quinzaine d’amis professionnels (sommeliers, cavistes, vignerons) et amateurs éclairés  pour une dégustation conviviale, sympathique mais franche, organisée autour d’un thème bien précis. Lecoq Gourmand vous propose de découvrir le compte-rendu de leur dernier rendez-vous qui était consacré au Bordelais.

isabelle-foret“L’effet millésime”  de cette dégustation nous a vraiment étonnés, écrit Isabelle Forêt. C’est toujours relativement marqué à Bordeaux qui est une région où les variations météorologiques sont fréquentes ; où gel, grêle, pluie, mauvais temps et chaleur insuffisante peuvent affecter le millésime. Mais cette fois-ci, c’était flagrant. On le sait, la qualité du vin peut varier énormément d’un secteur à un autre. Ceci constitue  d’ailleurs une grande richesse car chaque année a sa personnalité, mais cela peut être aussi source de déception… Déception parfois difficile à digérer lorsque les prix des vins flambent -même en primeur- et que quelques années après l’achat on reste dubitatif devant un vin qui n’est pas à la hauteur de nos attentes.

Lors de cette dégustation de grands crus, nous avons tenu compte de toutes les circonstances exceptionnelles, telles que les aléas météorologiques, un changement de propriétaire ou ’arrivée d’un œnologue réputé.

Enfin, nous avons goûté les vins choisis dans nos caves respectives un à un, puis ils nous ont accompagné tout au long du repas.

degustation-bordeaux

Comprendre le potentiel de vieillissement

Vous devez savoir que le potentiel de vieillissement d’un vin dépend de plusieurs facteurs, commente sur son site femivn.com Isabelle Forêt, y compris les tannins et les acides  qui sont aussi des agents conservateurs. Plus ils sont présents dans un vin, plus son potentiel de garde sera grand. Les vins du Médoc, par exemple, sont réputés être les vins de Bordeaux pouvant vieillir le plus longtemps. Il y fait plus frais, et les vins contiennent un peu plus de substances acides ;  le Cabernet Sauvignon par ailleurs, majoritaire dans ces vins d’assemblage, est plus tannique que beaucoup d’autres cépages. Mais à mon avis, il n’est pas indispensable de les oublier en cave : la plupart des vins de Bordeaux s’apprécient désormais jeunes, il n’y a donc aucune raison d’attendre !

Evolution des millésimes

Aujourd’hui, on  vendange le raisin de plus en plus mûr ce qui est une bonne chose. Mais si, en plus, on utilise des concentrateurs, que l’on ajoute des levures et que l’on pratique un élevage abusif en barriques neuves, cela donne des vins trop lourds, écœurants, trop alcoolisés… Et cela n’a rien à voir avec le réchauffement climatique comme certains le prétendent ! En fait, il faudrait être informé sur la qualité de chaque millésime et de leur évolution dans le temps. Et pouvoir dire, c’est une des facettes de la crise des vins de Bordeaux, c’est que certains grands crus sont vendus bien trop chers. J’en veux pour preuve le millésime 2007. Ce n’est qu’une année sympathique, très agréable et bonne à boire rapidement dès que l’on a ouvert une bouteille. C’est ce que nous avons constaté lors de cette dégustation où nous sommes tous tombés d’accord sur l’idée qui aurait dû coûter bien moins cher que les 2005 et 2006, qui, lors de notre dégustation, nous ont rassuré. Autre déception : le millésime 2008 qui, il fallait s’y attendre, n’est pas un millésime de garde.

bouteille

Le Château La Conseillante 2005

J’ai quand même eu de belles émotions en dégustant un Château Margaux 2001, puis belle découverte avec deux Saint-Emilion Grand Crus : le Châteaux Pavie 2005 et 2003. J’ai pu apprécier également un Brane Cantenac 98, excellent millésime à son apogée, et c’est un Grand Cru de Pomerol,  le Château La Conseillante 2005, que j’ai le plus apprécié pour son équilibre, sa rondeur, son fruité et sa fraîcheur. Ce vin présentait des tanins soyeux et une belle persistance en bouche et je vous le recommande vivement.

De cette dégustation est née une remarque : il faudrait que le prix du millésime corresponde à la qualité du vin. Cela permettrait au marché de rester confiant et aux acheteurs de ne pas avoir l’impression d’être pris pour des « gogos ». Une remise en question s’annonce donc nécessaire en Bordelais.
Pour s’informer…

www.millesima.fr    www.vinotheque-bordeaux.com www.vin-malin.fr      www.idealwine.com

www.bordeaux.com  www.infos-bordeaux.fr/tag/civb  www.femivin.com

A propos de l'auteur