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Le palmarès du guide Michelin vient de sortir et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette année les inspecteurs du guide rouge auront su garder la langue dans leurs poches. Rien, ou quasiment rien n’est sorti avant l’heure. C’est à mon avis une bonne chose, bien que cela nous démontre que pour les années précédentes les fuites qui étaient apparues dès le mois de décembre venaient donc, d’une façon ou d’une autre, du guide lui-même. Moins de buzz pour préserver l’effet d’annonce, voilà qui est sage. A part que, l’annonce des heureux lauréats a enfoncé cette année quasiment autant de portes ouvertes que d’étoiles distribuées. Trois étoiles pour le restaurant confidentiel et disons-le inaccessible de Yannick Alléno à Courchevel, pourquoi pas ? Mais qu’est-ce que cela nous apprend ? Rien. Il en va autant des deux étoiles déjà tous remarqués et récompensés par l’ensemble de la concurrence – Gault et Millau en tête-. La moisson 2017 relègue donc le guide Michelin au rang d’éternel suiveur ; avec des manquements qui font tâches. Ils sont nombreux et tous mes confrères ont déjà cités le cas de Jean-François Piège et de son Grand Restaurant. L’avoir laissé au purgatoire est une erreur manifeste. Mais il n’est pas le seul et  je pense ici à la deuxième étoile qu’aurait amplement méritée Philippe Labbé à la Tour d’Argent. Voilà une maison sérieuse, en plein renouveau, voilà un chef qui a fait ses preuves et qui, par-dessus le marché, a parfaitement su faire de cette institution une des tables les plus attractives de la capitale. La laisser au rang d’une seule étoile est objectivement un non-sens qui en dit long sur les défaillances de ce guide. Faut-il s’en étonner ? Pas tant que ça. Des inspecteurs trop jeunes qui manquent d’expérience et de légitimité, une entreprise qui se transforme chaque année davantage en caravane publicitaire et en machine à faire du fric : le navire Michelin n’a plus la frite et cela ne date pas d’hier.

Pour ne rien vous cacher, je l’écrivais déjà en 2000 à la « une » du journal Le Meilleur d’Alain Ayache. Mais franchement, je ne pensais pas à cette époque que la dérive se poursuivrait. La création d’un site internet qui côtoie de trop près le portefeuille de ceux qu’il est censé juger a démontré depuis qu’il était encore possible d’abîmer une institution dont chaque français était fier. C’est regrettable. Il faut d’urgence changer les dirigeants de cette équipe qui vient de démontrer une fois de plus son absence de vision et son incapacité à appréhender la gastronomie française avec clairvoyance.

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