Par lecoqgourmand
Vous n’y avez pas échappé : comme l’an passé, la blogosphère n’a pas attendu que les inspecteurs du guide Michelin remettent leur copie à la mi-novembre pour dégainer ses premiers pronostics. C’est amusant, presque un jeu. Et c’est plutôt bienvenu, pourrait-on penser, pour le guide Michelin France dont les ventes s’étiolent inexorablement. Il fait le buzz quand d’autres parutions laissent de marbre. Mais avec quel résultat ? Pas grand-chose. En effet, si on parlait dans les années 1980 de 600.000 exemplaires vendus et même plus ces ventes en librairies avoisineraient désormais les 48.000 exemplaires pour l’édition 2014 (sans parler des ventes directes et groupées) selon différentes sources bien informées. Et bien que ce chiffre doit être pris avec des pincettes – les secrets du monde de l’édition sont durs à percer-, il nous donne une tendance qui se suffit à elle seule.
Par ailleurs, si Internet – c’est une évidence- a porté un sacré coup au guide Rouge, curieusement, la toile semble aussi lui servir de porte-voix. D’abord parce que la sélection annuelle est accessible gratuitement sur le site du guide et que les lecteurs « papier » ont muté en utilisateurs numériques, ensuite parce que l’attribution des fameuses étoiles –même si elles sont régulièrement contestées- n’a jamais autant été commentée. Stéphane Riss (cuisinierenligne.fr) s’en est même fait une spécialité et il booste intelligemment son trafic chaque année à la même heure avec des indiscrétions sur le thème. Avec succès d’ailleurs, puisque l’an passé son blog a disparu quelques heures des écrans pour cause de surchauffe…
Que nous dit aujourd’hui ce blog à propos de l’édition 2015 ? Que Yannick Alléno devrait fêter son arrivée chez Ledoyen avec 2 étoiles et non 3, et que c’est, à Paris, Christian Le Squer qui, au V (Hôtel George V), a le plus de chance de décrocher la timbale. Bien informé ou tentant d’influencer l’équipe du Michelin (et pourquoi pas les deux), Riss avance par ailleurs qu’Alain Ducasse ne récupérerait peut-être pas ses 3 étoiles au Plaza Athénée, que Marc Veyrat n’aurait rien pour sa Maison des Bois et qu’aucune des belles tables montagnardes – celles qui n’ouvrent que 4 mois par an- n’aurait droit aux trois macarons. Les pronostics restent ouverts, bien entendu. La blogosphère est à l’affût. En attendant, le gouvernement a décidé d’ajouter une contribution de taille à l’auréole de Bibendum. Les responsables du guide ont même accepté de repousser la date initialement prévue pour la publication de leur palmarès annuel. Annoncé pour la fin du mois de janvier, ce dernier ne sera finalement dévoilé que le lundi 2 février prochain pour répondre à une demande du Quai d’Orsay, désormais en charge du tourisme. Le premier ministre est d’ores et déjà annoncé et Laurent Fabius compte bien frapper fort en sponsorisant cette sortie qui doit participer au rayonnement de la France.
Pour illustrer son propos, outre les grands chefs, le ministre des affaires étrangères recevra dans ses salons dorés quelques stars internationales – de tout horizon- dont la présence devrait donner à l’évènement un maximum de panache et de retentissement à l’international. J’en connais qui vont se battre pour en être ! Quitte à se montrer moins critiques dans leurs commentaires ? Oh !
Le Paris de Jean-Claude Ribaut
Ex-plume gourmande du monde, Jean- Claude Ribaut vient de signer un fort joli livre aux éditions Calmann-Lévy : « Voyage d’un gourmet à Paris ». J’en recommande la lecture à tous les amateurs de bonnes tables, mais aussi à tous mes jeunes confrères (et moins jeunes) qui vont pouvoir, pour 19€, s’offrir un peu de cette culture gastronomique qui leur fait si cruellement défaut. Elle serait aussi à conseiller à certains chefs qui pensent avoir tout inventé. Trêve de plaisanterie, ce livre est un pur bonheur qui, entre anecdotes historiques et bonnes tables, donne sans le dire une belle leçon de gastronomie et fustige, ici et là, les modes et travers de notre époque.
Guy Savoy : un regard salutaire
Pour les besoins d’un magazine, j’ai revu Guy Savoy que j’avais rencontré pour la première fois en 1986 ou 1987 pour Vins & Gastronomie. Je ne vous dirais pas lequel de nous deux a le plus changé (c’est moi), mais ce que je peux vous dire en revanche, c’est que l’homme est resté fidèle à lui-même. Certes, je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’il mérite sa formidable réputation – son restaurant est une quintessence du bon goût à la Française-, mais j’ai également trouvé qu’il continuait de porter un regard intéressant et salutaire sur le monde de la gastronomie. L’interview donnée à Thibaut Danancher –le successeur de Gilles Pudlowski- dans le Point le 31 juillet dernier en témoigne. Vous devriez la retrouver aisément en surfant dans les archives numériques de l’hebdomadaire
Chronique publiée dans le nouveau numéro de Vins & Gastronomie. A découvrir en kiosque.
© Copyright 2024 Lecoq Gourmand - Tous droits réservés. - Mention Légale