Par lecoqgourmand
Le fondateur de Terre Exotique a débuté son tour du monde des épices en 1992 au Cameroun dans le village de Penja, où il s’installe pour remettre en valeur une plantation de poivriers. Depuis, il rapporte des quatre coins de la planète sels, épices, et condiments.
Il avait prévu d’y rester quelques mois ; Erwann de Kerros séjournera quatre ans au Cameroun où il va gérer une plantation de poivriers d’une centaine d’hectares dans le village de Penja. Il n’a que 22 ans et la découverte de ce piper negrum d’exception va changer son destin. De retour en France, où il a monté entre-temps une entreprise d’import-export en fruits exotiques, il présente son poivre à des grands chefs, qui lui réservent un accueil plus que favorable. L’idée lui vient alors de créer Terre Exotique (1998) et de s’adresser au marché de l’épicerie fine pour lequel il imagine un emballage opaque en métal. « Parce que l’ennemi n°1 des épices, explique-t-il, c’est la lumière. » Il lui faudra du temps pour convaincre ses interlocuteurs du bien-fondé de son choix, mais il y parviendra. Parallèlement, la collection s’agrandit : au poivre de Penja s’ajoutent d’autres crus originaires du Chili, du Cambodge et d’ailleurs. Puis ce sera les sels, qu’il rapporte de ses multiples voyages autour du monde, jouant les précurseurs en proposant des sels aux textures et aux reflets différents, en pépites pour le diamant de sel de l’Himalaya, noir pour le sel d’Hawaï ou, plus récemment, dans une texture aérienne avec le givre de sel d’Egypte. Baies, condiments, recettes traditionnelles (par exemple le Mélange du Trappeur, une des meilleures ventes), sucres, épices, etc. viendront encore compléter l’offre.
« Le packaging n’est pas tout »
Un carnet de voyage très joliment réalisé présente la gamme – une soixantaine de produits –Terre Exotique, qui accueille une trentaine de nouvelles découvertes chaque année. Véritable tour du monde des saveurs, riche en anecdotes et en conseils d’utilisation, ce petit livret à la couverture noire est devenu le passeport de l’entreprise qui affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros pour une vingtaine de collaborateurs. Passionné, Erwann de Kerros est allé plus loin en ouvrant il y a quelques années aux halles de Tours le Palais des Epices, un comptoir qui lui sert de laboratoire. « Nous n’y vendons pas que nos produits, précise-t-il. Et 60 % de notre chiffre d’affaires est réalisé avec la vente en vrac, majoritairement en sac de 500 g . Ce qui est significatif et montre que le packaging n’est pas tout. La proximité avec le produit prime et c’est une tendance lourde sur le marché de l’épicerie fine actuellement. » Très à l’écoute des épiciers fins (environ 800 revendeurs), le chef d’entreprise affirme avoir refusé certaines sollicitations – « parce qu’il faut faire un choix » – pour se concentrer sur les commerces indépendants. Il propose d’ailleurs à ces derniers de découvrir la production d’une vingtaine de marques indépendantes, qui vont des infusions de Julie Andrieu aux thés de la maison Harney & Sons. Référence reconnue dans le milieu de l’épicerie fine, l’explorateur s’est découvert une âme de fédérateur.
www.terreexotique.fr
article publié dans Le Monde de l’Epicerie Fine.
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